Vers 1900, un film sur le tango circule en Europe (Espagne, Italie et probablement France). Il s'agit de " Tango argentino ", un court métrage de Eugenio Py, réalisé pour le compte de la Casa Lepage. Le film avait comme protagoniste Agapito, le clown danseur. Ce film semble perdu et n'est connu que par les relations faites par des témoins, comme Pablo Ducrós Hicken.

     Certaines sources disent que le tango est arrivé à Marseille, en France, en 1906. La frégate-école argentine Sarmiento aurait alors disséminé, au gré de ses escales, des partitions de tango.
    Ce récit n'est pas compatible avec l'examen des itinéraires de la frégate. Elle n'a jamais fait escale à Marseille. En 1906, elle est restée dans le Pacifique. Lors de son voyage de 1907, elle a fait escale à Brest, Royan et Bordeaux. Elle n'est pas entrée dans la Méditerranée. Il faut attendre le début de l'été 1913 pour qu'elle s'arrête dans un port français méditerranéen, et c'est Toulon. [voir précisions ci-dessous]
    Par ailleurs, on voit mal ce qui aurait conduit les cadets de marine, issus de la haute société argentine, à se transformer en diffuseurs d'une musique qui était encore fort décriée dans leur pays. Et il n'y avait pas de musiciens à bord, seulement un piano vite désaccordé... [voir précisions ci-dessous]
    Il semble donc sage d'abandonner l'hypothèse de l'arrivée du tango en France par Marseille, en 1906.

     Plusieurs sources affirment que la maison Gath & Chaves de Buenos Aires aurait envoyé à Paris Angel Villoldo, Alfredo Gobbi et son épouse Flora Rodriguez pour effectuer des enregistrements à destination du marché argentin.
    Les catalogues de l'époque mentionnent de nombreux enregistrements du couple Gobbi, mais aucun de Villoldo. La consultation de la presse de l'époque ne donne aucun résultat pour Villoldo. Et l'historien argentin Tito Rivadeneira émet de forts doutes, étayés par la consultation des registres de police de sortie et d'entrée d'Argentine, sur la réalité de ce voyage.
      Il semble donc légitime, en l'état actuel des recherches, de ne pas ajouter foi absolue à ce séjour de Villoldo en France.

     Tito Rivadeneira, dans son ouvrage sur Ángel Villoldo, écrit :
    " Se dice que AGV viajó a Paris, pero no aparecen documentos fehacientes (tráfico de pasajeros) que muestren que lo hizo en 1907 y, además, que haya grabado. El historiador Benedetii menciona como posibilidad que haya llegado a aquella ciudad en 1909 y que viajó por otros países europeos al inicio de la década del 10. Este es un tema para seguir investigando. "

   En 1907, Camille de Rhynal ▲▲ organise à Nice un tournoi de tango. Ce tournoi remporte un vif succès et de Rhynal réitère ce tournoi à Paris, la même année.

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   Eugène Giraudet, professeur de danse bien établi à Paris, et auteur de plusieurs traités sur la danse, reconnaît l'existence du tango, et, en 1909, en propose une définition : " Sorte de danse américaine tout nouvellement introduite en France [...] ".

   Mistinguett, vedette des cabarets, danse le tango avec le professeur Battallo, directeur de l'Académie de danse et de maintien de la Sorbonne.

   La peintre Sonia Delaunay ▲▲ présente son tableau " Le Bal Bullier " (huile sur toile, 95 × 390 cm. Centre national d'art et de culture Georges-Pompidou) ▲▲.

   Ludovic de Portalon (orthographié Portalou par errreur dans de nombreux textes sur l'histoire du tango. Sa nièce, Adry de Carbuccia, donne le nom réel), marquis de Sénas, et surnommé " le roi du tango ", avec sa nièce Adry de Carbuccia, triomphe d'un concours de tango à Deauville, en août 1913.

   Février. " Championnat du Monde de tango ", organisé au Nouveau Cirque, 251, rue Saint-Honoré, Paris.

    Carlos Gardel. En mai 1928, Gardel, en tournée à Barcelone, fait un saut à Paris où il s'engage pour une tournée en France.
    Le 30 septembre, il chante à une soirée de bienfaisance. Puis le 2 octobre, il commence son contrat de trois mois au cabaret Florida, 20, rue de Clichy.

   Le bandonéoniste argentin Juan José Mosalini s'installe en France.

   Le guitariste argentin Tomás Gubitsch arrive de Buenos Aires à Paris pour faire partie de l' "octeto eléctrico " d'Astor Piazzolla.

   Julio Cortazar écrit les paroles du tango " Trottoirs de Buenos Aires ", que met en musique Edgardo Cantón, et que joue le Carteto Cedrón. Un an plus tard, ce tango donnera son nom à la première tanguería de Paris.

   A Paris, dans le quartier des Halles, rue des Lombards, s'ouvre la première tanguería de Paris. C'est un café-concert qui prend le nom de " Trottoirs de Buenos Aires ", d'après le tango de Cortazar et Cantón. L'établissement disparait en 1994.

   Pour combler une semaine vacante du festival d'automne du théâtre musical du Châtelet, le metteur en scène Jorge Lavelli demande à Claudio Segovia et Héctor Orezzoli, de passage à Paris, de monter un spectacle de tango et c'est Tango Argentino, qui rencontre un succès incroyable.

   Disparition de la première tanguería de Paris, les " Trottoirs de Buenos Aires ".