Appel du 10 septembre 2010. William Sabatier, bandonéoniste.
Aujourd’hui, le Tango n’est plus la simple expression du Rio de la Plata. Il est un art pluridisciplinaire culturel qui côtoie l’universalité, tout comme le Jazz. On le joue, le chante et le danse sur quasi toute la planète. Son classement au patrimoine immatériel de l’UNESCO prouve bien l’importance de cette riche expression. A Buenos Aires, l’analyse du phénomène Tango passe également par la compréhension du phénomène à l‘étranger.
Bien des chercheurs ont travaillé sur l’inoculation du tango dans le monde et ses développements locaux (Japon, France, Chine, Finlande, Colombie, Chili, etc.). L’apparition du Tango dans le paysage culturel français des années 20 a, depuis, changé bien des choses à l’expression populaire de notre pays. Il n’a jamais été aussi important de collecter toutes informations, documents, médias, et évidemment les enregistrements en France. Pas pour nous satisfaire en dégageant une pseudo identité nationale du tango mais pour un jour pouvoir donner plus de précisions à la connaissance globale, universelle du Tango.
Il s’est passé tellement de choses en 90 ans de Tango en France. Carlos Gardel, Eduardo Arolas, Francisco Canaro, Astor Piazzolla ou bien le Sexteto Mayor, autant de grands noms de l’histoire, passés par la France et qui ont contribué à son succès. Extraire et isoler sa seule expression française fausseraient la perception des faits, des acteurs, des courants et des flux d’informations qui nous parviennent encore. On ne cherche pas forcément à distinguer le bon du mauvais mais à en creuser les apports et les bouleversements culturels. Peu importe si tel orchestre des années 30 est mineur dans ses qualités ou son originalité, il est acteur du continuum. Ce travail a déjà commencé à Buenos Aires sous l’impulsion des projets de l’association Tangovia d’Igniacio Varchauwsky. Maintenant une course contre la montre est lancée, car chaque jour, témoignages, orchestrations et enregistrements disparaissent pour toujours. Marcel Feijoo, Quintin Verdu, Hector Grané, Ernesto Rondo, Rodolfo Nerone, autant de noms qui sont encore connus d’une petite poignée de passionnés. Mais demain…
Je lance donc un appel tout d’abord à ceux qui furent les acteurs de cette histoire, à leurs enfants pour nous permettre d’exhumer ce patrimoine en stand-by depuis des décennies. Cet appel concerne aussi les collectionneurs (de disques, de partitions, etc.) qui avec leur inlassable patience ont amassé des trésors inédits ou non réédités.
Notre chance s’appelle Internet. Il nous permet d’accéder à une multitude d’informations et de connecter les énergies en deux clics, tout d’abord via un forum de discussion qui nous permettra de réunir les énergies et peut-être d’envisager une structure pour centraliser les ressources.
|