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La Turquie et le tango
 
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La Salida n° 18. avril-mai 2000.
Le Tango en Turquie : c'est Byzance !

 

  Métissée par les cultures d’Orient et d’Occident, la Turquie possède aujourd'hui une communauté milonguera dynamique et passionnée. Subjuguée après le passage du spectacle Tango Pasion à Istanbul, une certaine société stambouliote s'est éprise de la musique, de la danse et de tout ce qui constitue la culture du tango argentin.

Déjà dans les années 1920

    Le tango est apparu en Turquie dans les années 1920 par l'intermédiaire des disques 78 tours importés d'Europe. Il coïncide notamment avec la nouvelle république laïque et l'émancipation féminine. De nombreux compositeurs se mirent alors à écrire des tangos, sous forme d'opérette, de duos instrumentaux, de chansons. Citons par exemple Necip Celal (''Mazi'', 1928) ou encore Sabahattin Bey (''Tango turc'', 1928), Fehmi Ege, Kadri Cerrahoglu (''A ma mère''). Ces compositions furent très influencées par les traditions musicales locales (harmonie, arrangement, interprétation..), donnant naissance à un style original. Le tango touche alors toutes les couches de la population. Il existe encore aujourd'hui des régions où la musique d'ouverture des cérémonies de mariage est la Cumparsita ! Amours brisées ou impossibles, amertume, regrets, tels sont les thèmes des tangos turc, qui étaient accompagnés par des orchestres composés de pianos, violons, accordéons, batterie et contrebasse. Parmi les nombreux interprètes des années 1930, émerge le nom de la chanteuse Seyyan Hanim et du bandonéoniste Orhan Avsar. La danse était à la fois moins enlacée et moins complexe que le tango argentin lui-même.

Août 97 : ''Buenos Aires Tango Trio'' passe à Istanbul accompagné de deux couples de danseurs. Parmi eux, se trouve Metin Yazir, un turc contraint de passer pour Argentin afin de décrocher le contrat. Pourtant Metin Yazir a une renommée internationale en tant que danseur chorégraphe et comme professeur, notamment aux Etats-Unis et en Allemagne. Néanmoins, il proclame à la fin de son spectacle sa véritable identité en reprochant publiquement l'attitude discriminatoire dont il a été victime dans son propre pays. C'est l'électrochoc.

    Des mélomanes vont le voir spontanément pour lui demander de leur enseigner le tango. C'est le début de la fièvre du tango qui embrasera très vite les principales villes de la Turquie : Ankara, Eskisehir, Izmir, Bursa...
      Après deux ans et demi d'apprentissage et de pratique, la qualité du tango y est impressionnante. Une telle dextérité tient du miracle. Le tango pratiqué là est très pur, très sophistiqué et sobre à la fois. Une belle façon de danser avec âme et sans souci de marquer une individualité, au sein d'une communauté cultivée. Acte politique, volonté d'affirmer son appartenance au monde occidental, nostalgie d'une période progressiste de l'Histoire? Ou encore compatibilité culturelle à travers les relations hommes-femmes, approche émotionnelle de la danse, émulation du groupe, méthode d'enseignement ? Le tango, miraculeusement, fait corps avec le Turc. Tous travaillent leur tango de façon acharnée et avec quel succès ! Il faut dire que l'amour du tango est ancien en Turquie ...

      On estime entre 300 et 400 le nombre des tangueros rien qu'à Istanbul. Ce nombre est presque aussi important dans le reste du pays et ne cesse de croître. Récemment, le premier "professeur Argentin", Eduardo Aguirre a été embauché à Istanbul sur un contrat de 4 ans afin d'assurer des cours réguliers. Des personnalités dynamiques à la tête des associations forment sans cesse de nouveaux adeptes qui s'entraînent avec ardeur. Aujourd'hui Istanbul est une ville à visiter absolument pour danser le tango : deux milongas le dimanche, une le lundi, deux practicas sur chaque rive européenne et asiatique le mercredi, un superbe bal sur le toit du " Grand Halic " avec vue sur la Corne d'Or le vendredi et deux milongas le samedi sans parler des événements ponctuels tels qu'au légendaire Péra Palas avec orchestre ne sont qu'un début, la quête de nouveaux lieux est incessante. Soulignons également que Gustavo Naveira y donnera un stage les 15 et 16 avril 2000.
                                                          Stéphane Koch & Nicole Dessagnes

 Source : La Salida n° 18. avril-mai 2000.
 
Article de Cheapandchic
 

TANGO
      La photo est célèbre : Mustafa Kemal Atatürk, en smoking noir, tenant dans ses bras une jeune femme toute de blanc vêtue, en train de danser… le tango. C’est en tout cas ce que raconte la légende. Symbole de l’Occident, cette danse a fait son apparition dans les bals et réceptions stambouliotes et ankariotes à une époque où la jeune république de Turquie cherchait à se débarrasser de ses vieux codes ottomans et à faire tomber les barrières entre hommes et femmes. Non content de trouver un public, le tango ira jusqu’à se turquifier grâce à la production de centaines de chansons et de morceaux par des compositeurs locaux. La première œuvre turque, connue sous le nom de Mazi, est signée Necip Celal Andel et date de 1928.
    Pour la petite anecdote, un autre compositeur, Fehmi Ege, fut un jour convié à interpréter l’une de ses partitions dans le salon du Pera Palas, le fameux hôtel de luxe, accompagné, au chant et en turc bien sûr, par Mustafa Kemal en personne. Il existe donc bel et bien un tango turc ! Les amateurs vous diront même que la manière de danser des Turcs diffère de celle des Argentins. Elle serait ici plus “énergique”. Cette mode pour le tango, forte jusque dans les années 1960, est aujourd’hui nettement moins prégnante. Toutefois, elle connaît un certain renouveau depuis le lancement en 2007 d’un festival international qui se tient chaque année en juillet, à Istanbul. La municipalité de ?i?li organise elle aussi, autour du 19 mai, à l’occasion de la fête de la jeunesse, un festival en plein air.
 
      Les amateurs peuvent se prêter au jeu lors des nombreuses soirées qui se déroulent en semaine dans les écoles de tango. Rendez-vous par exemple tous les jours (sauf le lundi) au club Tangojean (www.tangojean.net) à Beyoglu, qui organise une session spéciale tango turc le jeudi soir. Quant à Tangoturk (www.tangoturk.com), il investit chaque lundi, à 21h, l’hôtel Armada, à Sultanahmet.

 Source : http://www.cheapandchic-lesguides.fr/site/page_istanbul_tango
 
Article de Tempotango
 

Il suffit de pousser la porte de Tango Jean, milonga d’Istanbul et de prêter attention à quelques photos accrochées au mur pour comprendre l’intérêt qu’ont manifesté les Stambouliotes pour le tango argentin pratiquement dès ses origines. Il faut dire que Mustafa Kémal appréciait et savait danser le tango argentin. Il y avait déjà des bars de nuit, des cabarets , des milongas dans le quartier de Péra dans les années 20 et celui qui allait devenir Atatürk ne se privait pas de les fréquenter !
C’est donc un peu grâce à lui qu’aujourd’hui, les jeunes tangueros d’Istanbul évoluent sous les yeux de Zehra Eren, interprète de tangos turcs comme « Ask Denizi », d’Ibrahim Ozgur (1905 – 1959) compositeur et interprète, entre autres, de « Mavi Kelebek »,
de Kadri Cerrahoglu (1903 – 1983) auteur et compositeur de « Sarhosum Sarhos »…
de Seyyan Hanim qui a interprété le tango le plus célèbre, le plus internationalement connu « Maazi » (Le Passé), le tout premier tango turc composé en 1928.
        Si vous passez dans la plus belle ville du monde, n’oubliez pas de vous rendre chez Tango Jean ou chez Baïla Tango, ou encore à l’hôtel Armada… A Istanbul, on danse tous les soirs !

  • Rappelons que Atatürk qui considérait la danse en couple comme expression de l’égalité de l’homme et de la femme, obligea les députés à danser avec leurs épouses lors des célèbres « bals de la République ».
 Source : http://www.tempotango.fr/?p=511
 
Compilations de tangos turcs
 

1. Tangolarimiz, Gecmisten Gunumuze
2. Ustad'a Saygiyla Tango, Erol Buyukburc & Erdener Koyuturk
3. Ustad'a Saygiyla Tango -2, Esin Engin & Erdener Koyuturk
4. Tangolar, Esin Engin
5. Olmeyen Tangolar, Secaattin Tanyerli
6. Dunden Bugune Tango, Erdener Koyuturk
7. Desde de Alma Tango, Cem Duruoz
8. Unutulmayan Turk Tangolari, Celal Ince
9. Viva la Tango, Edvard Aris
10. Dance with Me I & II, SeitkaliyeV with St Petrsburg Lyric Ensemble
11. Sontango, Esin Engin
12. Ibrahim Ozgur, Tangolar

1   Tango Türk / Tango Turque - Muhlis Sabahattin Ezgi - 2:48       
2   Sari Samur - Fikriye Hanim - 2:51
3   Inci - Chant : Seyyan Hanim - 3:06. –
4. Özleyis - Chant : Seyyan Hanim - 2:38. –
5.  Ne Tatli Bir An - Chant : Seyyan Hanim - 2:51. –
6. O Siyah Gözler - Chant : Birsen Alan - 3:15
7.  Zehra - Chant : Birsen Alan - 3:06. -
8.  Tango Nocturno - Chant : Birsen Alan - 3:01. -
9.  Cemile - Chant : Birsen Alan - 3:12. -
10. Kalbim Senindir - Chant : Colombia Cazi Orkestrasi - 2:58. -
11. Git Artik - Hikmet Hanim - 3:00. -
12. Günler - Bedriye Tüzün - 3:01. -
13. Bitmeyen Rüya - Ibrahim Özgür - 2:53. –
14. Sönmedi Atesim - Ibrahim Özgür - 3:12. -
15. Unutmak Istiyorum - Celal Ince - 3:11. –
16. Süphe - Celal Ince - 3:17. -
17. Ayrilik - Celal Ince - 3:16. -
18. Sana Nerden Gönül Verdim - Celal Ince - 2:47. –
19. Papatya - Secaatin Tanyerli - 3:16. -
20. Yillar Var Ki - Secaatin Tanyerli - 2:43. -
21. Ne Olurdu Sen Benim Olsaydin - Zehra Eren - 4:04. -
22. Dinle Sevgili – Chant : Zehra Eren - 2’55’’

 
Références bibliographiques
 
- Ataturk avec Afet Inan, 27 août 1934. Source : https://www.aydinlik.com.tr/tarih/2017-haziran/mazlum-avrasya-nin-oncu-kadinlarindan-afet-inan. -
-
Denigot/Mingalon/Honorin, Dictionnaire passionné du tango, p.682 à 685 ▲▲
- https://www.middleeasteye.net/fr/reportages/la-revolution-par-la-danse-le-dernier-tango-de-diyarbakir. 02/03/2016. Reportage sur le tango dans une ville kurde de Turquie, Diyarbakir.
 
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