Traditionnellement, à Buenos Aires et dans de nombreuses milongas d'ailleurs, l'invitation à danser s'effectue selon des signes conventionnels, la mirada et le cabeceo. Voici l'excellente description que donne Maurice Chabannon de ces pratiques:
" La mirada et le cabeceo, échanges de consentements, suscitent une invitation contrôlée. Les femmes, par un regard soutenu – la mirada – cherchent à accrocher le regard du danseur avec lequel elles souhaiteraient danser et les danseurs regardent avec insistance la partenaire convoitée. Si les regards s’accordent, un léger hochement de la tête de haut en bas – le cabeceo – vaut approbation partagée. La femme, en plaçant la main sur sa poitrine, peut vérifier qu’elle est bien l’élue et le partenaire acquiesce par un nouveau cabeceo. L’homme se rend alors auprès de la danseuse, qui ne bouge pas tant qu’il n’est pas devant elle, de peur d’une confusion toujours possible à distance, surtout pour des danseurs qui rechignent à porter les lunettes !
Ces échanges se doivent d’être discrets et évitent l’humiliation d’un refus public pour l’un comme pour l’autre. Ensuite, ils permettent aussi un choix assumé mais respectueux de l’autre : je ne te regarde pas, donc je ne souhaite pas danser avec toi, sans te mépriser pour autant… Mais pour cette tanda de Pugliese ou Di Sarli, je préfère Jorge ou Luisa… Cela place la femme et l’homme sur un pied d’égalité, car ce n’est plus l’homme exclusivement qui choisit. Cela veut dire que la connaissance des talents chorégraphiques des uns et des autres est acquise par l’observation ou par l’habitude." |