Juguete rabioso ***
Veterano del insomnio soy un viejo prematuro,
se me cansan las palabras, no es una forma de hablar.
Tengo una viola italiana*, cuando hay hambre no hay pan duro,
el Mario me la endereza pero se vuelve a doblar.
Para garpar el casorio y el anillo vendí el coche,
inocente adolescente rematé mi libertad.
Soy un yonqui de la tele sin volumen a la noche,
como pa no molestarla, aunque ella ya no está.
Loca, no me exilies de tu boca
por la culpa que te toca mencioname una vez más.
Típico de mí que vivo en pena,
se me dá una mano buena y la tengo que arruinar.
Vos te esmeraste conmigo,
a mi vieja le dijiste que me ibas a domar.
Mi revolución era apariencia
me perdiste la paciencia cuando estaba por flaquear.
Fui tu juguete rabioso, fui tu mito encadenado,
me tomaste de amuleto, un flaco para tu cruz.
Me amigué con tu retrato, cuántas veces lo he besado,
y lo abrazo preocupado cuando se corta la luz.
En mi guitarra atorranta hay un tango agazapado,
percanta que me amuraste** no te puedo ni cantar.
No me sale más lirismo, tengo un verso atragantado
donde te mando a la mierda, después vuelvo a suplicar
*** Titre du premier roman de Roberto Arlt, publié en 1926.
* les guitares italiennes sont réputées mauvaises.
** Issu du tango “Mi noche Triste“
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Jouet enragé***(Acho Estol)
Vétéran de l’insomnie je suis un vieux prématuré,
Les paroles me fatiguent, ce n’est pas qu’une façon de parler.
J’ai une guitare italienne*, quand on a faim, on ne connaît pas le pain dur,
le Mario me la répare, mais elle se tord encore.
Pour payer le mariage et la bague j’ai vendu la voiture,
Adolescent innocent j’ai bradé ma liberté.
Je suis un accroc de la télé sans le son la nuit,
pour ne pas la déranger, bien qu’elle ne soit déjà plus là.
Folle, ne m’exile pas de ta bouche
Par ta faute, parle-moi encore une fois.
Typique de moi qui vis en peine,
Quand j’ai une bonne occasion, je dois le foutre en l’air
Tu as fait de ton mieux avec moi,
Tu as dit à ma mère que tu allais me dompter
Ma révolution n’était qu’apparence
Tu as perdu patience au moment où j’allais m’y résoudre.
J’ai été ton jouet enragé, ton mythe enchaîné,
Tu m’as pris pour amulette, un maigre pour ta croix.
Je me suis réconcilié avec ton portrait, combien de fois l’ai-je baisé,
Et l’ai-je embrassé soucieux quand la lumière se coupait.
Dans ma guitare endormie il y a un tango blotti,
Môme qui m’a abandonné** je ne peux même pas te chanter.
Aucune inspiration ne me vient, j’ai un vers en travers du gosier,
Dans lequel je t’envoie au diable, et ensuite je reviens te supplier.
Paroles de Acho Estol. Traduction Solange Bazely
La Chicana : dans leur album Tango agazapado
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