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Mister Giorgina
     
Genre : Tango français - Date : 1962 - Musique : Ferré, Léo - Paroles : Ferré, Léo - Edition : La Mémoire de la Mer. Monaco -  
 
Commentaires-Historique
 

Léo Ferré expliqué : Mister Giorgina

Publié le 16 mai 2009 par Jefka

Jouons aux devinettes : quel est l'artiste capable de débuter une chanson sur un air de biniou et de la conclure sur une œuvre de Jean-Sébastien Bach ?
Léo Ferré, évidemment.
Plus difficile peut-être : quelle est cette chanson ? Un indice : la réponse est dans le titre.
Mister Giorgina.
Augmentons la difficulté : qui est Mister Giorgina ?
Giorgina est le nom de l'accordéon en argot italien et Mister, celui qui le porte et en joue, plus précisément Jean Cardon, un ami du poète.

Tu joues tu joues d'l'accordéon
Dans un bistrot qui n'a plus d'nom
Tellement les gens sont habitués
A y danser à y danser
La Comparsita

Jean Cardon, accordéoniste, sera plusieurs années durant aux côtés de Léo Ferré. De cette collaboration qui bientôt sera une amitié, le poète en tirera bon nombre d'inspirations faubouriennes, où s'entremêlent bals populaires et joies des cœurs.
Jean Cardon n'est pas seulement aux yeux de Léo un soliste du piano à la verticale, mais un coureur de jupons efficace, qui multiplie les conquêtes. Léo est impressionné par ce côté séducteur et il ne manque de lui en rendre hommage.

Toi les frangines qui viennent guincher
Avant d'se faire comparsiter
Tu les regardes avec tes doigts
T'as l'œil qui joue en do en fa

Mais l'homme qui séduit, bien souvent n'est voué qu'à une seule passion, à ce quelque chose qui le tient le jour et l'apaise la nuit. Concernant Jean Cardon, la réponse va de soi.

Au fond tout ça toi tu t'en fous
T'as qu'un copain c'est ton biniou

Et la Comparsita dans tout ça. C'est un tango, qui fût écrit paraît-il dans les années vingt par une jeune argentin, blessé certainement par un amour désespéré qu'il mit en musique. Le désespoir des uns, lorsqu'il est admirablement envoyé sur scène, n'en constitue pas moins chez les autres un succès et qui se plaisent ainsi à le danser. La Comparsita ne fit pas exception à cette règle et nos grands-parents se laissèrent emporter dans ce tango du siècle dernier, qui traversa les années bien que les cigales comptaient les leurs.

Alors avant qu'il ne soit trop tard
Planques ton magot dans ton placard
Les fourmis c'est fait pour bosser
Quand aux cigales ell's vont danser
La Comparsita

Le final de Mister Giorgina est extraordinaire. Léo Ferré nous offre un extrait de Jean-Sébastien Bach. Mais il s'agit plutôt d'une inquiétude, voire d'une angoisse dont nous fait état le poète. La musique existera-t-elle encore dans un futur qui était le sien lorsqu'il composa Mister Giorgina, et qui pour nous contemporains se conjugue déjà au passé. En effet, Léo Ferré s'inquiétait des progrès techniques permettant à la musique de devenir un produit de masse, un objet de consommation, qui se livrerait sans effort à tous ceux qui en ont les moyens, non plus intellectuels mais financiers. Il avait raison et tort à la fois. Raison, car la musique est devenue un marché pour bon nombre d'esprits mercantiles et le monde des affaires s'accordant mal avec le temps et la patience nécessaire à toute œuvre digne de son nom, la profusion est devenue la règle avec pour seule contrainte artistique de coller aux ambiances du moment. Tort, pour ce qui est des compositions passées, des chefs d'œuvre qui sont à la disposition de chacun et qui souhaite s'y intéresser, sans aucune difficulté, ni même pécuniaire compte tenu de la croissance des médiathèques. La culture ne doit être de masse que dans sa diffusion, et non dans sa création.

                                Publié dans Un petit coin de Léo Ferré

 
Illustration de la partition
 
     
 
 
     
 
Enregistrements
 
- xxx - Orchestre : xxx - Chant : xxx - ▲▲
- xxx - Orchestre : xxx - Chant : xxx
 
Détail des enregistrements
 
 
Textes et Traductions
 
 xxx
 

 
 Source :
 
 
 
Références bibliographiques
 
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