C'est un chef d'oeuvre de Firpo, élaboré après La Chola, El compinche et La gaucha Manuela, des années 1908-1909.
Outeda donne 1912 comme date de composition. Del Priore donne 1910.
Dans ses souvenirs, rapportés par Francisco Garcia Jiménez, Firpo raconte que cette mélodie a été construite peu à peu, au fil des improvisations qu'il jouait dans le café concert de la Boca, à l'angle Suarez et Necochea. Il précise que c'est fin 1910 que la composition a pris sa forme définitive.
Firpo a puisé son inspiration dans le spectacle du tramway n° 43 qui le ramenait chez lui après les nuits de concert. A l'étage, les ouvriers partaient gaiement au travail. En bas, les noctambules rentraient pesamment. Puis le trajet à pied entre le tramway et son logement donnait l'occasion à Firpo d'écouter les oiseaux et les bruits de la nature qui s'éveillait.
Ce tango a été joué pour la première fois par l'orchestre du Parque Japonés, dirigé par Salvador Merico.
Peu après, Firpo a enregistré ce tango chez ERA, mais sans piano, sans les trilles du violon qui évoquaient le chant des oiseaux, et avec une étiquette qui donnait pour titre "Al amanecer". Puis il l'a enregistré chez Nacional-Odeon deux fois en solo de piano, six fois à la tête de ses différentes formations, et une fois en duo de piano avec son fils Roberto Jr.
En 1948, Roberto Firpo apparaît à la tête de son orchestre et joue El amanecer dans le film El cantor del pueblo.
Di Sarli l'a enregistré trois fois. Son arrangement respecte la mélodie originale mais augmente la force rythmique. Dans la lignée de Di Sarli, on note Los Señores del Tango, Ricardo Pedevilla, Florindo Sassone.
En 1959, Armando Pontier a enregistré El amanecer pour les disques Columbia. Mais il a omis les trilles d'oiseaux. Alors l'entreprise, après avoir écouté la bande au Japon, a informé qu'ils n'éditeraient pas le tango à cause de l'absence des chants d'oiseaux. Et Pontier a ajouté ces chants à son orchestration avec un oiseau de cotillon et l'édition japonaise a pu étre réalisée.
Le chef d'orchestre Héctor D'Espósito est allé plus loin et a fait jouer à son violoniste non seulement des chants d'oiseaux mais aussi des bruits de la campagne, trots de chevaux, mugissements de vaches, etc. |