En 1931, un critique écrivait :
"Les frères Joseph et Hector Colombo sont parmi les plus grands as du Bandonéon ; on peut affirmer que, s'il existe d'aussi forts instrumentistes qu'eux, il n'en existe certainement pas deux sur la place pour former un pupitre aussi homogène. Il est juste de dire que tout concourait pour arriver à un tel résultat : même nature, même ardeur au travail, répétant journellement ensemble. Ils ont de plus la chance de faire partie depuis sa naissance, c'est-à-dire trois ans et demi, du merveilleux orchestre Brodman-Alfaro".
C'est en 1924 que Joseph Colombo débarque à Paris. Il débute au Paradis dans un orchestre mixte dans lequel il jouait de l'accordéon et de la clarinette (il avait appris cet instrument au régiment).
Remarqué par son jeu brillant et nuancé, au rythme impeccable, il est bientôt engagé pour faire des disques chez « Henry » [petite marque de disques française apparue en 1905, au logo très moderne pour l'époque, qui pratiquait la technique d'enregistrement en coupe verticale. Elle disparaît en 1932] où il enregistre en soliste, également comme accompagnateur d'Emma Liebel [1873 - 1928] surnommée la Reine du phono en raison de ses nombreux succès discographiques]. Il quitte le Tabarin pour aller au Château de Madrid, puis au Casino de La Baule et, l'hiver 1925, il est au Maxim's de Nice ; c'est là qu'il commence à jouer le bandonéon chromatique. L'année suivante travaillant avec Bianco-Bachicha, il s'attaque passionnément à l'étude du bandonéon diatonique et, au bout de quelques mois, ayant reconnu la supériorité de ce système, il lâche définitivement le chromatique. Il reste un an et demi avec Bianco-Bachicha, un an avec Salvador Pizarro et en 1928, entre à l'orchestre Brodman-Alfaro.
Son frère, Hector, de quelques années plus jeune, fait ses débuts en 1926. Il prend presque aussitôt le bandonéon et dès l'hiver suivant, avec Bianco-Bachicha, joue le chromatique ; il délaisse bien vite cet instrument transformé et comme son frère se met au véritable bandonéon. Il a fait quelques saisons avec Bianco-Bachicha, Raggi, Soler et Canaro.
Depuis leur collaboration avec l'orchestre Brodman-Alfaro, les Colombo ont fait d'énormes progrès. Tout en consolidant leur technique, ils ont considérablement affiné leur jeu et atteint à une musicalité et un style des plus distingués. La synthèse de leur jeu due en partie à leur opiniâtreté, à leur puissance de travail et aussi, il faut bien le dire, à l'ambiance de l'orchestre en font un pupitre de grande valeur. Nous les félicitons vivement d'avoir eu le courage (que bien peu d'accordéonistes ont eu) de travailler à fond un instrument fort intéressant, mais très difficile et entièrement différent de l'accordéon". |