Violoncelliste des Concerts Pasdeloup, musicien de culture des plus classiques, il rencontre un jour, dans un restaurant de Montmartre, deux Argentins, le pianiste Cosenza et surtout le pianiste et compositeur Enrique Delfino ▲▲, qui lui révèlent le rythme de leur patrie. Jean Levesque tombe amoureux du tango, se remet au piano dont il avait étudié les rudiments dans son enfance, se transforme en Alfaro, nom qui sonne quand même mieux pour interpréter le rythme du Rio de la Plata, et avec son ami Brodman monte un formidable orchestre de tango français, ou plutôt franco-italien, au sein duquel se trouve une extraordinaire paire de bandonéonistes, les frères Joseph et Hector (Ettore) Colombo.
L'orchestre Brodman-Alfaro est un des rares à pouvoir, en cette fin des années 1920, supporter la comparaison avec les orchestres argentins qui pullulent à Paris. L'orchestre débute tout d'abord à la Chaumière, de Biarritz, en 1928, puis fait sa rentrée à Paris au Mac-Mahon Palace, part en tournée à Barcelone et revient pour la saison d'hiver 1928/1929 dans la capitale où il est engagé successivement au Boeuf sur le Toit, et Aux Enfants Terribles. Il prend le chemin des studios, enregistre chez Pathé et chez Columbia, entre autres Bandonéon Arrabalero, d'excellente facture.
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