Le site de référence de la planète Tango Histoire du tango |
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Le tango a servi d'argument central à de nombreux documentaires et à quelques longs métrages de fiction. Ces films sont une source importante d'informations sur l'histoire du tango et sur ses protagonistes. Mais il peut s'agit d'une simple recherche d'histoire ou d'exotisme. De nombreux autres sujets ont été ainsi choisis comme fil conducteur. En revanche, l'étude des innombrables films, dans lesquels le tango semble marginal, est encore plus intéressante. Si la danse ou la musique du tango coulent naturellement dans la trame cinématographique, cela montre à quel ressort de l'imaginaire collectif le tango fait appel. Dans ce cas, le cinéma, qui est le reflet des sentiments des créateurs et des publics, en intégrant le tango dans son action ou dans sa bande son, utilise ses valeurs symboliques comme éléments du langage cinématographique. Et de ce fait, il nous permet de comprendre quelles sont ces valeurs, dans chaque pays concerné. |
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En Argentine, ils sont nés ensemble dans les dernières années du XIX° siècle. Ils ont grandi en même temps. Tous les deux, ils avaient un fort ancrage populaire, sans prétention artistique, et ils étaient essentiellement voués au divertissement. Ainsi, le tango et le cinéma se sont mutuellement prêté main forte durant toute leur jeunesse. |
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1895, les frères Lumière donnent au monde le cinématographe. Et dès 1896, l'Argentine tourne son premier film, au moment où le tango s'affirme comme élément de la culture urbaine qui forge l'identité de la nouvelle populaton du pays. Et le cinéma, muet, donc universel et sans la barrière des langues, s'associe à cette construction d'une identité. Il donne vie à une foule de personnages " typiques " dans lesquels veut se reconnaître une population jeune et en cours d'affirmation. |
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Le tango est omniprésent dans les films. Même muet, le cinéma contribue à la diffusion du genre dans toutes les classes sociales qui ne fréquentent pas, par décence, les lieux décriés du tango. On voit le visage des vedettes que l'on écoute sur les disques. On retrouve les personnages, les situations qui font la thématique des tangos chantés. On découvre les cabarets et autres salles de bal réservées à une clientèle riche. Dans le cinéma mondial, le tango fait ses premières incursions : - soit sur le mode burlesque : Chaplin (1914/1916, quatre courts-métrages), Max Linder, Groucho Marx, Laurel et Hardy, etc. - soit sur le mode exotique : Rudolf Valentino (The Four Horsemen of the Apocalypse, 1921), qui devient, dans le monde entier, avec un style de danse assez hybride, le symbole du séducteur-danseur de tango. |
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Première époque : ce sont quelques musiciens, et souvent un pianiste seul, qui accompagnent, plus ou moins fidèlement, l'action du film. Les mélodies du tango se mêlent parfois étrangement à des films qui n'ont rien à voir avec cela ! Peu à peu, avec les progrès des phonographes, des projectionnistes utilisent des disques 78 tours pour accompagner de musique le film en cours. C'est l'occasion des premières tentatives de synchronisation avec le chanteur à l'écran. Puis les orchestres de tango s'installent dans les salles : 1924, Minotto Di Cicco, au cinéma Select Buen Orden. 1925, Ciriaco Ortiz, au Gaumont. Julio De Caro, dans les cinémas Select Lavalle et Real Cine. Anselmo Aieta, aux Paramount, Electric et El Hindu. Francisco Lomuto, au Select Suipacha. Vardaro-Pugliese au Metropol. Le public vient davantage pour l'orchestre que pour le film ! Mais à partir de 1930, l'arrivée du cinéma parlant supprime, peu à peu, pour les orchestres cette ressource et ce moyen très populaire de se faire connaître. |
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1930. Chaplin et Gardel peuvent servir de symbole du passage du muet au parlant. Ils sont présents dans les deux, et tissent des liens forts entre le tango et le cinéma. |
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Le premier long métrage argentin, avec le son sur la pellicule, se nomme Tango !, de Luis Moglia Barth. Sa sortie a lieu le 27 avril 1933 au cinéma Real. C'est un immense succès. Il regroupe à l'écran tout ce qui compte dans le monde du tango à ce moment, sauf Gardel en tournée à l'étranger. Les spectateurs populaires voient enfin les visages de tous ces artistes connus par le disque ou par la radio. |
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Dans la foulée de " Tango ", de nombreux films utilisent le tango comme élément essentiel d'intérêt, avec des intrigues sommaires qui servent davantage de prétexte aux passages musicaux. Soit le scénario retrace des épisodes de la carrière de vedettes du tango. Soit il est construit autour d'une histoire simple qui amène les personnages dans les lieux de musique et de danse : cabarets, dancings, music-hall, etc. Souvent, l'un des personnages est lui-même chanteur ou musiciens, ce qui facilite l'implication dans le monde du tango. Ces films rencontrent un grand succès populaire. Les distributeurs de toute l'Amérique latine achètent le film en fonction du nombre de tangos chantés qu'il contient ! |
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L'Argentine continue de produire des films dans lesquels le tango et son monde constituent l'intérêt essentiel, pour un public très populaire. Cette production s'essoufflera peu à peu au début des années 60. |
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Dans les années 50, les spectateurs argentins peuvent voir plusieurs films qui retracent la vie des personnages importants du tango : Eduardo Arolas, Pascual Contursi, Carlos Gardel, etc. |
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Le tango chanté, sous une forme très romantique, trouve sa place dans de nombreux films français produits après la guerre. Chanteurs et chanteuses, dans des intrigues sentimentales, placent leur tour de chant dans lequel le tango s'illustre largement. |
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C'est Chaplin qui débute la série, avec Les Lumières de la Ville, 1931, dans lequel le tango La violetera, de José Padilla sert de thème pour annoncer la présence de la jeune fleuriste aveugle. Innombrables et cosmopolites sont les films qui font appel au tango dans leur bande son. Astor Piazzolla occupe une place de choix dans cette fonction, même si sa musique s'éloigne souvent du tango traditionnel. |
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Piazzolla a donné une musique originale à une cinquantaine de films. La plupart de ces musiques appartiennent au domaine du tango. Il commence avec le cinéma argentin en 1947. Puis continue en Europe dans les années 70. Par ailleurs, de nombreux films ont repris des musiques de Piazzolla, déjà enregistrées, ou jouées par d'autres musiciens. . |
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Dans certains films, le tango joue le rôle de révélateur de la personnalité d'un personnage, ou modifie des comportements. Parfois, grâce à lui, ce personnage échappe à son quotidien, ou à son échec personnel. |
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Depuis Rudolph Valentino, les films américains présentent un tango dansé dans le style ballroom, parfois avec une grande emphase dans les figures. Il s'agit essentiellement de scènes de séduction avec une touche d'exotisme. |
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Une nouvelle ère du cinéma sur le tango est ouverte avec Naked Tango. C'est le premier film non argentin dédié intégralement au tango, à l'histoire de Buenos Aires et avec des chorégraphies réellement inspirées par le véritable tango du Rio de La Plata. Mais ce film ne rencontre pas de succès populaire et le cinéma continue d'utiliser des scènes dans le style ballroom américain ou de salon européen. Néanmoins, Naked Tango ouvre la porte aux films de Carlos Saura, Sally Potter, Solanas, etc. qui renouent avec le tango du Rio de la Plata. |
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Le tango peut être lui-même sujet du film. Soit c'est la peinture du milieu du tango, de la vie des artistes, soit c'est son aspect spectaculaire, à la manière d'une revue à grand spectacle. Le lien est renoué avec le tango rioplatense. C'est plutôt l'Europe qui s'intéresse à es productions. |
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- Couselo, Jorge Miguel, El tango en el ciné, in La Historia del Tango, Buenos Aires, 1977. Ed. Corregidor, vol.8, p.1291 à 1328. - Hess, Rémy, Le Tango, éd. PUF. Paris 1996. p. 110 à 117. - Ochoa, Pedro, Tango y Cine Mundial. Buenos Aires, 2003. Ed. del Jilguero. - Rodriguez-Blanco, Manuel, Tango, le chant et la danse, 2003. Ed. Loubatières. P.139 à 144. - Revue La Salida, n° 24, juin 2001. Dossier Tango et Cinéma. Plusieurs articles. - Revue Tout Tango, n° 26, janvier 2011, p. 16. Cinéma muet. Article de Solange Bazely. - Revue Tout Tango, n° 28, juin 2011, p. 16. Le tango au ciné parlant. Article de Solange Bazely. - Revue Tout Tango, n° 29, octobre 2011, p. 14. Piazzolla au cinéma. Article de Solange Bazely. - Hatem, Fabrice, http://fabrice.hatem.free.fr/ - http://musique-de-films.blogspot.fr/. Ce site répertorie les films musicaux ou contenant au moins une chanson, films réalisés entre 1928 et 1945. Il est parfois possible d'y retrouver ainsi un tango. |