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L'encyclopédie du Tango
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Danses folkloriques argentines
 
     Contredanses, quadrilles, polkas et autres seguidillas, mais aussi opéras, cantiques chrétiens, marches militaires ou chants de marins fusionnèrent avec les musiques et les danses noires, incas ou aymaras. Des pugilats acrobatiques, scandés par des chants et des instruments d’origine africaine, donnèrent naissance à la capoeira bahiane, au laghia martiniquais ou au kalinda trinidadien ; des rites de fertilité bantous se métamorphosèrent en samba au Brésil, guaguancò à Cuba, candombe en Argentine et en Uruguay. En tous lieux surgirent des formes d’expression métissées et dans les zones à forte concentration noire ou dans celles, comme en Argentine où les Noirs - aujourd’hui disparus - laissèrent néanmoins leur empreinte, musique et danse se mêlèrent d’une façon indissociable. Le tango, la samba, le mambo, le calypso ou le reggae sont à la fois des danses, et des genres musicaux destinés au seul plaisir auditif.
 
     Zamba : Danse argentine d’origine africaine, de mouvement vif, écrite d’ordinaire à 6/8. Dans les campagnes de diverses régions d’Amérique Latine on a l’habitude de danser toujours « zamba y gato », en respectant scrupuleusement l’ordre de ces deux danses. Comme la Cueca, la Chilena ou la Marinera, la zamba dérive de la Zamacueca, une danse originaire de Lima (Pérou) vers 1824. Les danseurs exécutent leur pas en tenant dans la main un mouchoir, qui joue un rôle symbolique et devient un élément essentiel pour exprimer les états d’âme et les sentiments des interprètes. Véritable « drame chorégraphique » qui peint la passion amoureuse, cette « danza de amor » a pour les Argentins une couleur en peu canaille. Dans la première partie de la danse le caballero courtise délicatement - mais avec insistance - la dame qui s’esquive, jusqu’au triomphe final qui marque sa reddition dans la seconde partie.  
 
     Gato : Danse populaire d’Argentine, à 6/8 à mouvement vif, qui se danse en couple avec un accompagnement de guitare. Elle fut introduite vers la fin du XVIIIème siècle en Argentine, pays où elle connut, vers le milieu du XIXème, une très grande diffusion. Elle est également en vogue au Pérou, au Chili et au Mexique
 
     Malambo : Ainsi que le gato, la danse malambo est exécutée avec un type de pas nommé « zapateo » (en espagnol zapato signifie « chaussure ») qui alterne des coups de pieds forts et légers, dans un rythme 6/8.    
 
    Batuque. Avec le terme de batuque ou batucada, on définit au Brésil les danses populaires africaines. Un grand nombre de compositeurs brésiliens ont illustré dans leurs compositions pour orchestre leurs impressions sur le batuque (Lourenço Fernândez, entre autres).
 
     Chacarera : Danse folklorique argentine gaie et agile, elle s’exécute en couple, les deux danseurs simulant un jeu de séduction ou de galanterie. Apparentée au gato et à la zamba elle connut une extraordinaire diffusion à partir de 1850. (S.R.)
 
     Candombé : Au Brésil, tout comme à Cuba et Haïti, on pratique la musique afro-brésilienne liée au culte. Le candombé est une danse rituelle qui provient de la culture « macumba » et du vaudou. Les tambours de type africain ainsi que d’autres instruments africains accompagnent ce genre de danse.   
 
      Milonga : Pendant les dernières années du XIXème siècle la milonga était la danse plus populaire à Buenos Aires avant le tango. Le mot est certainement d’origine africaine et signifie « embrouillements et ambages ». A Buenos Aires « es una milonga » définit une chose «extrêmement désordonnée », pour prendre ensuite le sens d’« agitation », « charabia », « fête », « bal ».
 
     Tango Cette danse émerge du cœur même de l’arrabal (faubourg) dans l’univers des bas-fonds sordides de Buenos Aires vers la fin du XIXème siècle. Le tango est à son origine un genre de chanson de gauchos accompagnée à la guitare. Il absorbe des éléments du candombe et de la milonga, parodie, pour les Blancs, des chants de carnaval noirs, intégrée par la suite au répertoire des payadores (c’est à dire des chanteurs s’accompagnant à la guitare). La ligne de basse - syncopée - du tango provient de la habanera, importée de Cuba par des marins vers 1850 puis interprétée en Argentine sous le nom de « tango ». Vers 1895, sa chorégraphie commence à se styliser, avec certaines figures caractéristiques.
      A l’inverse du candombe - jubilatoire - où hommes et femmes se faisaient face, le
tango, frémissant et tendu, se danse joue contre joue. Il conserve néanmoins deux figures du candombe : le corte (arrêt soudain) et la quebrada (torsion du buste). Il fut joué d’abord uniquement par la guitare, ensuite par des trios de tangos composés de clarinette (ou flûte), violon et guitare (ou harpe). Le bandonéon remplacera progressivement la flûte et deviendra, avec son phrasé haché et sa plainte lancinante, l’instrument clé de cette danse. La musique, pleine de grâce et de vivacité, exprime la sensualité et la gaieté des prostituées françaises, italiennes et espagnoles vivant dans les bordels de 1900 et de leurs clients, immigrés, soldats, voleurs, marins et mauvais garçons. Dans cet univers glauque, le gaucho, héros de la Pampa, cède la place au compadre, marlou gominé dissimulant sous ses airs de bravache l’aiguillon de la misère et la terreur de l’abandon. C’est dans l’ivresse du tango, serrant contre lui sa mina (femme) qu’il prend sa revanche sur l’amertume de son destin. De 1900 à 1915, le tango chanté en « lunfardo » (argot truffé de mots italiens et français) se love dans les maisons closes et les troquets. Canaille et vulgaire, le tango de l’époque suscite le mépris de l’élite argentine, mais vers 1905 l’Europe et les Etats-Unis, grâce à l’essor du phonographe, découvrent cette danse et une véritable fièvre s’empare aussi de l’Angleterre, de l’Allemagne et de l’Amérique Latine.
     Après son triomphe à l’étranger la bourgeoisie se réconcilie avec le tango et l’arrivée en Argentine du jazz et des danses anglo-saxonnes concourt à la réhabilitation de cette musique. En 1930 commence une autre époque du tango. La danse s’épanouit et se raffine et la musique acquiert une portée artistique, avec un jeu lyrique et des arrangements savants. On cesse aussi de le danser et l’on se contente désormais de l’écouter. La transformation est radicale : le mouvement devient plus lent, un sentiment de mélancolie soutient ses nouvelles harmonies, un esthétisme mélodramatique qui se complaît dans la solitude, le désespoir, la mort, la fuite du temps, l’inconstance de la femme et l’absurdité de la vie justifie la très belle formule du poète Enrique Santos Discépolo : « pensée triste qui se danse ».
     A partir des années 60, Astor Piazzolla révolutionne le tango, introduisant le tango de concert.
 
Références bibliographiques
 
- http://www.conservatoire-italien.net/melo.html. Articles de Gisela Melo.