Précédés par les enregistrements sur cylindres et différents types de disques, les enregistrements grand public sur disques de gomme laque (Shellac), en 78 tours, ont débuté en 1906/1907. Ils se sont développés dans les années 10, 20 et 30. Ils sont arrivés à leur apogée dans les années 40 et ont commencé leur déclin au milieu des années 50, simultanément avec l'apparition des disques vinyl microsillons LP, 45 et 33 T, et en même temps que le déclin du tango et le succès des musiques anglo-américaines. L' Argentine a fabriqué des disques de shellac 78 Tours jusqu'en 1960.
Durant cette période (1906-1964), les entreprises étrangères implantées en Argentine, RCA VICTOR (USA) et ODEON (G. Br.) ont monopolisé environ 90% des interprètes. Elles ont réédité en vinyl les enregistrements qui offraient une bonne garantie commerciale, et spécialement Gardel et les oeuvres des années 40, l'époque d'or.
Faute de statistiques précises, les recherches historiques estiment à 25.000 le nombre de disques de tangos produits pendant cette période, soit 50.000 versions, en tenant compte des deux faces. Mais il n'y a pas eu de registres officiels et les entreprises n'ont souvent pas gardé les leurs, détruisant également les matrices devenues inutiles après l'apparition des microsillons. Et les originaux conservés ne concernent que les interprètes les plus connus, réédités en LP dans les années 50 et 60, en cassettes, années 70 et 80, et en CD à partir des années 90, ce qui ne représente pas plus de 12.000 thèmes. Ainsi entre 38.000 et 40.000 versions sur 50.000 n'ont jamais été rééditées.
Lors de la première édition d'un disque, 300 exemplaires seulement étaient d'ordinaire confectionnés. Pour ces versions, on peut penser que 50 ans après, ou plus, un très grand nombre a disparu à jamais, en raison de la fragilité du support, de son usure extrême et des attaques de micro-organismes qui les détruisent. Seuls les grands succès ont fait l'objet de tirages importants et de rééditions, et ce sont ceux-là que l'on retrouve aisément aujourd'hui.
La compagnie ODEÓN, avant la destruction des matrices, a fait une copie de sauvegarde sur bandes magnétiques, mais ces bandes se sont bien altérées au fil du temps. RCA VICTOR, pensant que le tango était fini, a tout fait disparaître. |