Alfredo Arias, un hommage parodique et tendre du cinéma argentin.
Entre 1930 et 1970, le cinéma argentin a connu une période d'intense activité. Mais tous les films n'étaient pas tant s'en faut, des chefs d'œuvre. Il y avait aussi beaucoup de mélos incroyablement kitch, des films fantastiques aux scénarios déroutants, et même quelques productions érotiques de série B dont la principale qualité tenait à l'impressionnant tour de poitrine de leur premier rôle féminin. Dans sa pièce Cinelandia, actuellement [2012], présentée au théâtre de Poche Montparnasse, Alfredo Arias rend un hommage, aux allures de parodie, à quatre de ces films : Besos Brujos (1937), El crimen de Oribe (1950), La mujer de las camelias (1953), et Carne (1968).
Le principe de la mise en scène est simple, mais d'une grande efficacité comique : un narrateur (Alfredo Arias) présente le film en soulignant, dans un texte plein d'un humour ravageur, les invraisemblances du scénario, les poncifs de la mise en scène, le comique involontaire des dialogues, les faiblesses du jeu des acteurs. Le récit est ponctué de petites scènes tirées du film et interprétées par les trois comédiens de la troupe : Sandra Guida, Antonio Interlandi, Alejandra Radano.
Comment raconter en quelques mots l'intrigue très embrouillée de Besos Brujos (1937) ? Une actrice de cabaret (interprétée par la grande chanteuse de tango Libertad Lamarque), est amoureuse d'un jeune homme de bonne famille. Rejetée par celle-ci, elle se réfugie dans un sordide cabaret de la pampa, où elle est enlevée par un gaucho qui la séquestre. Fort heureusement, son bien aimé vient la délivrer, ce qui donne bien entendu lieu à quelques péripéties dramatiques supplémentaires. Le texte et la mise en scène d'Alfredo Arias nous rappellent à chaque instant, d'une manière désopilante, l'inconsistance totale de ce scénario : par exemple en faisant porter en permanence un impeccable smoking blanc au jeune premier, y compris lors de la scène où celui-ci est censé se trouver - blessé de surcroît - au cœur d'une jungle humide et impénétrable !
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