Plus qu’une danse, une étreinte sensuelle, un art de vivre, une thérapie. Le tango se pare de toutes les vertus dans la bouche de ceux qui le pratiquent. “C’est ce qui se passe entre chaque pas. On peut couper la musique, on le ressent quand même, et son partenaire aussi. C’est comme une éternité…”, affirme un professeur de tango dans Une danse nommée désir, documentaire instructif de Simonetta Rossi. Son tour d’horizon démarre par le témoignage de Rossana, une illustratrice italienne qui a misé sur le tango pour sauver son couple. En revenant au langage plus spontané du corps, Rossana et son compagnon y ont trouvé un nouvel équilibre, un moyen de s’épanouir, d’explorer de nouvelles sensations, de s’ouvrir à l’autre autrement, “sur fond de poésie”.
En Argentine ou en Italie, la documentariste est allée à la rencontre de danseurs et danseuses, de professeurs, de musiciens, de passionnés qui expliquent comment le tango a métamorphosé leur existence. Ils ont pénétré la milonga (lieu de rencontre) pour sortir de leur solitude, dépasser un mal-être, surmonter une maladie, un blocage, retrouver confiance ou se découvrir davantage eux-mêmes. Le tango est aussi une manière très concrète d’analyser les rapports hommes/femmes, et de redéfinir les rôles de chacun. Le sujet est si vaste que même les sociologues, anthropologues ou psychologues s’y sont intéressés.
Sans parvenir à réellement nous envoûter (la danse elle-même s’y prêtait pourtant), Simonetta Rossi prend le temps de brosser une rapide histoire du tango, une danse née dans les lieux de “mauvaise vie” des ports argentins, popularisée avant d’être interdite sous la dictature militaire entre 1976 et 1983, puis réinvestie par les jeunes générations dans les années 80 et 90, sous une forme plus élitiste. Depuis, balançant entre tradition et modernité, le tango a conquis le monde entier. Avec sa culture, sa philosophie, ses codes, ses lieux de rencontres et de partages.
Caroline Gourdin |