1910. Le tango et la bonne société de Buenos Aires. Antonio de Marchi.
On a souvent écrit que c’est grâce à Paris que le tango a pu conquérir la bonne société de Buenos Aires. L’histoire nous montre que l’Argentine n’a pas été en retard pour cette évolution, même si les nouvelles de la tangomania parisienne, que la presse argentine décrit en détail et avec grande complaisance, ont favorisé et facilité cette pénétration du tango dans toutes les couches sociales portègnes.
Si dès le début du XX° siècle, les hommes de la bonne société connaissent bien le tango c’est qu’ils fréquentent, en goguette, la Boca, la Recoleta ou Palermo. Ils pratiquent le tango des origines, avec tous ses aspects mal famés.
Mais dans les familles, le tango n’est pas absent, grâce aux orgues de barbarie, aux partitions jouées au piano (on parle de 18.000 pianos importés à Buenos Aires entre 1900 et 1910) et surtout aux enregistrements sur cylindres ou disques qui se répandent assez vite. Et quand on commence, vers 1910, à danser en famille, le tango s’est assagi, pour devenir « liso », ou « de salón ».
La grande percée du tango dans la très haute société est due, au début de la deuxième décennie du siècle, à un personnage de cette société, le baron Antonio María De Marchi.
|