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L'encyclopédie du Tango
 
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Maradona et le tango
 
Article de Ghetto Blaster
 
    
Ghetto Blaster : El Sueño del Pibe

maradona-en-cuba

Diego Maradona, l’ultime idole décadente du ballon rond et actuel sélectionneur de l’équipe d’Argentine, n’a pas manqué d’inspirer les artistes. A commencer par les esthètes du tango, cette musique des bas-fonds élégants intimement lovée à l’histoire du football.

Juillet 1984. Stade San Paolo, à Naples. Les notes d’ El Choclo s’égrènent sur la pelouse, dans les tribunes italiennes, les parsemant d’une fine touche argentine. Un homme en a presque les larmes aux yeux. Cette musique l’émeut depuis toujours. Il l’a en lui, ce son. Ce jour-là, El Choclo, incontournable tango de 1905 composé par Enrique Santos Discepolo, est joué en son honneur. En guise de bienvenue. L’homme, c’est Diego Maradona. Le mythique n°10 argentin va faire rêver les supporters du Napoli des années durant…

L’Argentine a deux cœurs rythmant sa vie : le foot et le tango. Inévitablement, ces deux pulsations se sont croisées, entremêlées bien souvent. L’un citant l’autre dans le texte, les deux partageant les déhanchés subtils. La coupe du monde de 1978, jouée au pays, a fait exploser le nombre de chansons consacrées au football… Et bien entendu, El Pibe de Oro n’a pas manqué son rendez-vous avec cette danse, lui l’esthète des passements de jambes et des dribbles chaloupés.
Jorge Valdano, ancien sélectionneur, l’expliquait à un journaliste de l’Equipe en 2002 : « Le peuple argentin vit le football comme un rêve. Maradona est le fils de ce rêve. Notre football, c’est l’habileté, l’individualisme, l’esthétisme, une pointe de baroquisme, comme un pas de tango. »



tango_buenos_aires

Le tango et le football sont nés dans les cités obscures, étroites, pauvres : bidonvilles où l’échappatoire passe par le ballon ou le bandonéon, où les contraintes et le manque d’espace auraient, selon Eduardo Galeano qui l’explique dans son livre Football, Ombre et Lumière, développé l’agilité, la grâce, le déhanché et les feintes des footballeurs argentins comme des danseurs de tango.
          Victor Hugo Morales, célèbre commentateur radio du championnat argentin, le genre à crier « gooooooooooooal » lorsque la balle franchit la ligne, précise, plus sobrement : « Le foot de l’Argentine est celui du crochet, du passement de jambe, toujours le truc fleuri, comme le couple qui danse, le défi de faire avec la balle ce que l’on réclame à la danseuse. »

Maradona n’hésita pas à s’emparer du micro lui-même. Il enregistra avec Pimpinela le titre Querida amiga… Mais c’est surtout son interprétation d’un tango écrit en 1945 par Reinaldo Yiso, footballeur amateur et poète, qui fait sens.
El Sueno del Pibe ( Le Rêve du Môme) fut interprété pour la première fois par Osvaldo Pugliese. Et résume le thème favori et récurrent des tangos consacrés à un joueur : quand le marmaille des quartiers pauvres devient idole.

gardel

« Le garçon s’endormit et fit cette nuit-là
le rêve le plus beau qui puisse lui venir
le stade plein, dimanche glorieux
enfin on allait le voir en première
une minute à jouer, score de zéro à zéro
il prend la balle, confiant en son action
les dribblant tous, arrivant face au goal
et d’un tir magistral fait basculer le score »

Qui d’autre, pour reprendre ce morceau, que Maradona lui-même ? La star, alors,  est incarnée par Emilio Baldonedo, joueur de Huracan cité dans le texte. Diego lorsqu’il l’entonna, changea légèrement les paroles… pour glisser son patronyme à la place. Depuis la coupe du monde 1986 et son match face à l’Angleterre, on sait que ce n’est pas un crime de lèse-majesté. Peter Shilton, gardien de but mystifié, ne dira pas le contraire.

Diego, fan de Carlos Gardel

Maradona est un grand fan de Carlos Gardel, l’un des plus célèbres musiciens du tango au 20ème siècle. Ce dernier était évidemment fan de foot, au point de faire venir le… FC Barcelone, futur club de Diego, pour quelques matchs en Argentine et en Uruguay : c’était en 1928, les espagnols jouèrent contre Boca et River… Et l’artiste leur dédicaça un tango, Sami.

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El Pibe de Oro inspira bien d’autres artistes, hors des sphères du tango. Tout le monde connaît la récente chanson La Vida Tombola de Manu Chao, sollicité par Emir Kusturica pour sa belle histoire filmée de l’artiste argentin. Le précédent groupe du cosmopolite frenchy avait déjà en 1994 chanté les louanges de Santa Maradona, sur le dernier album de la Mano Negra. En Argentine, pléthore de chansons et tangos lui sont dédiées : Maradona Blues de Charly Garcia, Los Piojos… Daniel Piazzolla signa El Diego. Et on ne compte plus les chansons dédiées à son club de Boca Juniors, quand il enflammait la Bombonera, ce stade où les supporters lancent les cendres de leurs proches pour qu’ils reposent en paix sur la pelouse qu’ils ont chéri de leur vivant.
Un stade pour cimetière, et un tango en guise de requiem : les supporteurs de Boca sont à l’image de leur idole. Fervents, passionnés ; excessifs. Et beaux. Il en est aussi ainsi du tango.

La source principale de cet article, paru dans le Quotidien de la Réunion le 15 février 2009, est le génial petit opus Footango, les Muscles du Tango , signé de Jean-Luc Thomas aux éditions Atlantica. Je ne peux que vous inciter à vous le procurer.

 
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Références bibliographiques
 
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