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Le Bagdad .
 
   Au 168, rue du Faubourg Saint Honoré, Le Bagdad où l’on pouvait dîner et souper, fut réputé pour ses thés-dansants, ses attractions, ses spectacles. Durant toutes les années 30, et jusqu’au début de la guerre, il accueillit de nombreux orchestres dont celui de Miguel Orlando et celui dirigé par Eddie Foy et Ray Binder.
    Il n’était pas rare que trois formations se partagent l’animation du lieu comme en témoigne cette publicité de 1936.
    Un immeuble moderne a été construit à sa place
 

      " Edouard dénicha un nouveau contrat et signa avec le plus chic établissement de Paris : Le Bagdad, 168, rue du Faubourg Saint Honoré (8 ème), un engagement qui devait durer longtemps.
    Le Bagdad était dirigé par la terreur des musiciens : Mr Faudrain, très sévère et à cheval sur les horaires. Cependant, dès les premiers contacts avec lui, il se montra agréable et devint même amical.

    Nous étions cinq musiciens pour une très grande et belle salle dont les immenses vitrines en glace donnaient sur le Faubourg. Nous avions avec nous un excellent quintette noir : Les KENTUCKY SINGERS, avec qui nous nous sommes très vite liés d’amitié. Un orchestre tango de très bonne qualité : ORLANDO, complétait le personnel et la clientèle, très nombreuse et très élégante fut satisfaite.

La salle, bien que grande, était trop petite pour contenir les amateurs de « thés – dansants » qui se présentaient chaque jour à la porte. De plus, il y avait des attractions généralement choisies parmi celles de grande renommée et nous étions chargés de les accompagner.

Les répétitions se faisaient le vendredi et ce n’était pas une affaire de tout repos. Heureusement, en cas de litige, Mr Faudrain me donnait toujours raison.   

Le soir, le Bagdad se transformait en restaurant dansant et les clients étaient très différents de ceux de l’après-midi et bien plus exigeants.

Janvier 1934, tout marche bien.
Par contre, dans la rue, les choses s’enveniment ; l’affaire Stavisky est le détonateur et les manifestations se succèdent. Le 6 février 1934, tous les contestataires se retrouvent Place de la Concorde. Vers six heures du soir, ils cherchent à traverser la Seine pour atteindre  l’Assemblée Nationale.

Pour nous, le thé – dansant s’est déroulé à peu près bien mais la soirée risque d’être sérieusement gâchée. Dès 20 heures, des ambulances remontent le Faubourg Saint Honoré en direction de l’hôpital Beaujon, toutes sirènes hurlantes.

Des groupes de manifestants menacent de briser les glaces du Bagdad. Mr Faudrain sort un impressionnant revolver, bien décidé à tirer sur qui voudrait pénétrer dans le restaurant.

Trois jours après, les forces de gauche font une démonstration d’une telle ampleur que tout se calme comme par enchantement.

Tout est donc rentré dans l’ordre, l’orchestre marche bien, Faudrain est content, mais le Bagdad doit fermer ses portes comme chaque printemps, et il va falloir trouver du travail. "

 Source : Mémoires de Ray Binder. http://ray-binder.pagesperso-orange.fr/1932_une_annee_decisive.html