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Le cinéma et le tango
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L'Acrobate
 
Réalisation
 
 Réalisation : Jean-Daniel Pollet. Scénario/Dialogues : Jacques Lourcelles et Jean-Daniel Pollet. Musique : Antoine Duhamel. Chorégraphie : Georges et Rosy Friedman.
 
Fiche technique
 
Date
1976
Genre  Comédie Pays
France
Format Couleur. 101 minutes
 
 
Participants
 

Claude Melki (Léon), Laurence Bru (Fumée) et Guy Marchand (Ramon). Micheline Dax. Edith Scob.

 
Commentaires
 
     Petit, maigre, pas beau, timide et maladroit, Léon (Claude Melki) est employé dans un établissement de bains-douches. Il n'a aucun succès avec les femmes. Son seul amour est Fumée, une prostituée dont il voudrait devenir l'unique client. Pour la séduire, il décide de prendre exemple sur son ami Ramon, grand séducteur et danseur de tango. Il s'inscrit à un cours de tango et se révèle bientôt très doué. Progressivement, il perd ses complexes et prend de l'assurance jusqu'à oser passer des concours de danse. Fumée devient sa partenaire attitrée et ils remportent ensemble de nombreux prix, échappant ainsi à la solitude.
     Tourné en 1975, L'Acrobate est un film tendre et burlesque plein de poésie. C'est la version longue du premier court-métrage de Jean-Daniel Pollet (1936-2004), Pourvu qu'on ait l'ivresse (1957), où l'on voyait déjà un jeune homme au physique ingrat tenter en vain de se trouver une partenaire de danse dans une guinguette. Entre-temps le cinéaste avait tourné un de ses films les plus connus, L'Amour c'est gai, l'amour c'est triste (1963) ainsi que le sketch Rue Saint-Denis du célèbre film-manifeste des auteurs de la Nouvelle Vague Paris vu par... (1965).
      Il aura réalisé aussi des oeuvres expérimentales comme entre autres Méditerranée, sur un texte de Philippe Sollers. Plus tard, après un grave accident de tournage, il réalisera encore Dieu sait quoi (1994), inspiré des poèmes de Francis Ponge, puis Ceux d'en face (2001).
     Il est l'auteur au total de 26 films tous plus "littéraires" les uns que les autres, oscillant pour la plupart entre documentaires, essais cinématographiques et fictions.
 Source : Copyright © Tango-Argentin.Net / La République des Lettres. Dimanche 4 septembre 2005
 

     Léon, un garçon de bains timide et fauché, aux allures de Pierrot lunaire, est amoureux de Fumée, une gentille prostituée qui l'aime bien mais le trouve un peu terne pour jouer le rôle de l'amant en titre. Un jour, son copain Ramon, un vrai séducteur celui-là, l'emmène dans un cours de tango. Sa vie en sera transformée...

     Dans ce film plein d'humour et de fantaisie, chacun des personnages exprime de manière à la fois décalée, cocasse et subtile les mille facettes du sentiment amoureux. Léon, personnage enfantin, poétique et vulnérable (Claude Melki) suscite la tendresse maternelle des femmes, mais peine à s'imposer à elles dans le rôle du mâle dominateur. Avec ses allures de Buster Keaton, il forme avec son pote Ramon, caricature de séducteur macho gominé (Guy Marchand), un tandem désassorti d'une grande drôlerie. Micheline Dax est irrésistible en femme mûre vivant à travers sa fille ses désirs érotiques inassouvis. La langoureuse Laurence Bru exprime avec finesse et légèreté les subtilités d'un cœur féminin tiraillé entre des aspirations contradictoires : tendresse, rêve, argent, amour, aventure...

     C'est finalement le tango qui offrira une issue heureuse à tous nos personnages. Georges et Rosy, dont l'école de danse de salon était célèbre à Paris dans les années 1970, jouent tout au long du film le rôle de mentors bienveillants, formant Léon au tango de compétition et nous transmettant en héritage leur amour de la danse. 

     Mais de quel tango s'agit-il ? Pas du tango argentin tel que nous le connaissons aujourd'hui, dont Georges dit à un moment qu'il a disparu, mais du tango de compétition de style anglais. Le film prend alors involontairement le caractère d'un intéressant témoignage historiographique, en nous reportant à une époque - les années 1970 - immédiatement antérieure au grand retour du tango argentin. Cela nous vaut aussi de très agréables scènes de compétition où les danseurs en frac et les danseuses à robe bouffante interprètent un tango anglais stylisé et codifié devant des jurys sévères et solennels.

     Un film optimiste, tendre et drôle, qui nous conte aussi une partie mal connue de l'histoire du tango à Paris.

 Source : Fabrice Hatem, http://fabrice.hatem.free.fr/
 
Vidéo
 
- L'édition DVD de L'Acrobate qui vient de sortir chez Opening Vidéo offre en bonus deux autres court-métrages noir et blanc de Jean-Daniel Pollet avec son acteur fétiche rencontré dans un bal populaire, Claude Melki -- le Buster Keaton français --, et un hommage documentaire de 52 mn, intitulé Souvenirs autour de Jean-Daniel Pollet.